CYCLE ETATS-UNIS
Du 05/09/2019 au 31/12/2019
CYCLE ÉTATS-UNIS
Six films, pour une traversée dans l’Amérique des laissés-pour-compte
Qui sont-ils, ces individus à la dérive, en marge du rêve américain ? Ceux qui ont tout perdu, ceux qui ont tout laissé, ceux qui sont tombés dans la drogue, ceux qui habitent des quartiers déshérités, des régions enclavées, ceux qui survivent ou peinent à réinventer leurs vies, ceux de l’Amérique d’en bas (rednecks ou pas) qui a contribué à faire élire Trump, ceux des communautés minoritaires – Afro-Américains et Black Indians – qui luttent pour leurs droits, leurs cultures, la reconnaissance de leurs identités ?
A travers six documentaires particulièrement bouleversants, c’est une autre Amérique qui nous est donnée à voir. Une Amérique objectivée ou délaissée par les médias traditionnels, et qui, grâce aux regards bienveillants des cinéastes, prend forme et nous invite à réviser notre regard sur elle, à le complexifier.
Six films qui montrent des existences en transition, des individualités en contradiction, des territoires en tension, et qui dessinent comme une cartographie de l’envers du rêve américain à travers la Louisiane, le Texas, l’Arizona, la Californie, le Maryland (Baltimore). Six documentaires puissants, parce qu’ils échappent à toute forme de misérabilisme et qu’ils restituent à des voix minoritaires, étouffées, toutes leurs possibilités d’expression. D’un film à l’autre, des motifs affleurent (la politique, la drogue, le port d’armes, la ségrégation résidentielle, les inégalités raciales, la prison, le carnaval, le rapport de l’individu à son environnement…) ; des personnalités étonnantes émergent, comme Mark et Lisa, les amoureux damnés de The Other Side ; Harold, le sage chasseur de rats dans Rat film ; Judy, l’Afro-Américaine éloquente et combative de What You Gonna do When the World is on Fire ?; l’« incroyable » Beverly, résidente d’un motel dans Vacancy ; Sandy Coleman, le vétéran pro-Trump aux lourdes confidences dans America ; David Montana, le « Big Chief » charismatique de la Nation Washitaw dans Black Indians…
S’inscrivant dans la veine du cinéma d’observation, les cinéastes restent en retrait, se gardent bien de juger, mais ils s’impliquent par la force de leurs propositions formelles et par leurs capacités à faire surgir des témoignages rares et poignants. C’est alors une vision intime et inattendue de l’Amérique qui transparaît, consciente de ses échecs, meurtrie par des drames réels, mais qui garde foi en sa capacité à s’imaginer et à s’améliorer.
Juliette Goursat
- Rat Film de Theo Antony, le 02 octobre à 19h30 au Palais des Beaux Arts de Lille
- America de Claus Drexel, le 09 octobre à 19h30 au Palais des Beaux Arts de Lille
- Black Indians d’Edith Patrouilleau, Jo Béranger, Hugues Poulain, le 14 octobre à 19h30 au Palais des Beaux Arts de Lille
- Vacancy de Alexandra Kandy Longuet, le 16 octobre à 19h30 au Palais des Beaux Arts de Lille
- What you gonna do when world’s on fire de Roberto Minervini, le 26 novembre au Fresnoy Studio national des arts contemporains et le 07 décembre à la BPI Centre Pompidou à Paris
- The Other Side de Roberto Minervini, le 07 décembre à la BPI Centre Pompidou à Paris
< photo AMERICA de Claus Drexel © Gloria Film
Juliette Goursat est docteure de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) en « Arts : histoire et théorie ». Elle enseigne actuellement dans le secondaire et à l’université Paris 3-Sorbonne Nouvelle et à auparavant dispensé des cours à l’École Nationale Supérieure d’Audiovisuel (ENSAV) de Toulouse
